Canicules plus longues et plus fréquentes
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- La dernière décennie a été la plus chaude jamais enregistrée, continuant une tendance vieille de plusieurs décennies. L’année dernière, la température moyenne en Afrique s’est maintenue autour de 1,2°Celsius de plus que la moyenne entre 1981 et 2010.
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- Il est projeté que les pays africains situés jusqu’à 15 degrés de latitude de l’Équateur subiront des canicules plus fréquentes. En Afrique centrale notamment, le Cameroun, la Guinée-équatoriale, le Gabon, la République du Congo et les régions côtières du nord de l’Angola et de la République démocratique du Congo, subissent en moyenne entre 8 et 10 canicules par an. En Afrique de l’Est, l’Uganda, l’Éthiopie et le Kenya, ainsi que la côte Atlantique de l’Afrique du Sud, subissent aussi des canicules plus fréquentes.
- Une augmentation de la température de 0.5 °C pourrait entrainer une augmentation de 150 % du nombre de canicules qui tuent 100 personnes ou plus.
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Autres phénomènes météorologiques extrêmes
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- Selon le Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), le réchauffement climatique généré par l’activité humaine a provoqué une augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes tels que les pluies diluviennes qui provoquent des inondations, des tempêtes dans les pays équatoriaux et en Afrique de l’Est et les sécheresses au Sahel et en Afrique australe.
- Le nombre de catastrophes naturelles en Afrique sub-saharienne a augmenté plus rapidement que dans le reste du monde. Comparé aux années 1970, la fréquence des sécheresses a presque triplé, les tempêtes ont quadruplé et les inondations ont décuplé. Plus de 20 % des inondations et plus d’un tiers des sécheresses enregistrées sur la planète au cours des dix dernières années se sont produites en Afrique sub-saharienne.
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- Les trois seules montagnes africaines dotées des glaciers, toutes en Afrique de l’Est, devraient vraisemblablement voir une « déglaciation totale » d’ici les années 2040, avec le Mont Kenya la subissant dix ans plus tôt.
- Avec une augmentation de 2°C, l’Afrique australe devrait devenir entre 5 et 10 % plus sèche. En effet, l’augmentation du nombre de sécheresses et de canicules entrainera une diminution du volume du bassin du Zambezi. Selon le professeur François Engelbrecht, l’un des climatologues les plus éminents d’Afrique, “des sècheresses de plusieurs années représentent la menace la plus importante du changement climatique à laquelle l’Afrique du Sud fait face ».
- Avec une augmentation de 3°C, il est prévu que l’Ouest du Sahel subisse le dessèchement le plus important, avec une augmentation significative de la durée maximale des périodes sèches. L’Afrique centrale verrait une diminution des phases pluvieuses et une augmentation des fortes pluies.
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Le réchauffement climatique amplifiera les risques sécuritaires en Afrique
Diminution de la production alimentaire
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- Une augmentation de la température de 1°C est associée à une diminution de 2,7 % de la production agricole. Les effets seront d’autant plus sévères en Afrique où la subsistance des ménages dépend d’activités sensibles aux phénomènes météorologiques, comme les cultures pluviales, l’élevage et la pèche.
- Les pertes de biodiversité et la dégradation des écosystèmes qui résultent de la sécheresse et des pluies imprévisibles affecteront la qualité des sols et la végétation.
- L’augmentation du nombre des inondations aura aussi un effet négatif sur les modes de subsistance agricoles (notamment la perte de semences, les dommages aux cultures, la morbidité et la mortalité du bétail) laissant les communautés encore plus vulnérables.
- Avec un réchauffement de 2°C, la Banque mondiale prévoit une diminution de 10 % du rendement des cultures à travers l’Afrique sub-saharienne d’ici les années 2050.
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Pression foncière et déplacement
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- L’intensification de la production sur les terres agricoles afin de combler les « déficits de rendement » présente une menace à l’environnement du fait de la potentielle surexploitation des ressources régionales d’eau et des écosystèmes. De même, l’extension de l’agriculture à de « nouvelles » terres menace souvent les écosystèmes locaux et régionaux.
- L’augmentation de la pression foncière peut également entrainer des déplacements et l’escalade des tensions existantes entre les communautés.
- Le Lac Tchad, sur lequel 30 millions de personnes dépendent au Tchad, au Niger, au Nigeria et au Cameroun, a rétréci de plus de 90 % depuis les années 1960, le résultat du dérèglement climatique, d’une population en augmentation et de l’absence de gestion de l’irrigation. L’évaporation du lac s’est aussi accélérée au fur et à mesure qu’il devient moins profond. La perte des moyens de subsistance s’est accompagnée d’une augmentation de la criminalité et de la migration vers les villes.
- Il y environ 18 millions de travailleurs migrants saisonniers en Afrique, dont 80 % travaillent dans l’agriculture, le secteur minier et la pêche. La dégradation des conditions climatiques a cependant rendu la stratégie de migration saisonnière inefficace, devenant en fait un facteur de migration permanente et de déplacement.
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- Dans le pire scenario de réchauffement climatique, plus de 86 millions de personnes en Afrique sub-saharienne se trouveraient déplacées en interne. Avec 19,3 millions de personnes déplacées, soit environ 9 % de la population, l’Afrique du Nord serait la région la plus touchée, en grande partie le résultat de la rareté croissante de l’eau.
- La diminution du rendement des récoltes et de la productivité agricole et du travail se conjugueront avec un déclin de la santé des populations pour donner au changement climatique un effet négatif multiplié sur le bien-être économique de l’Afrique sur le long terme.
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Conflit
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- Sur les 20 pays jugés les plus vulnérables au changement climatique selon l’Index des pays du ND-GAIN, 17 se trouvent en Afrique. Or, 9 de ces mêmes pays sont en conflit. La plupart des analystes s’accordent sur le fait que le changement climatique ne cause pas les conflits. Cependant, il faut souligner qu’il sert d’amplificateur et de multiplicateur des crises et qu’il peut augmenter les tensions autour de l’accès aux ressources, à la nourriture et aux terres ancestrales. De nombreux facteurs, tels que les différences sociales, la faiblesse de l’État de droit, ou une cohésion sociale effritée, peuvent augmenter les tensions et aboutir au conflit.
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Action prioritaires nécessaires
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- La collection des données climatiques est insuffisante en Afrique. Il faut générer des données plus précises et complètes afin de développer des approches plus informées et adaptées aux effets du changement climatique.
- La majorité des africains travaillent dans le secteur agricole. Ce dernier emploie un grand nombre de travailleurs relativement peu qualifiés. Ce secteur est un élément critique du lien entre la sécurité et le changement climatique. Au-delà de l’adoption de pratiques et de variétés de semences résistantes à la sécheresse, il faudra aussi verdir la productivité des petites exploitations agricoles, renforcer les droits fonciers et l’accès aux terres.
- Étant donné que la migration intra-africaine doit continuer à augmenter, il faudra créer des opportunités migratoires à la fois plus nombreuses et plus sures pour ceux qui cherchent d’autres moyens de subsistance.
- Afin de désamorcer les conflits intercommunaux potentiels liés à l’augmentation de la pression foncière engendrée par le changement climatique, les gouvernements et les comités de réconciliation devraient encourager le dialogue entre les agriculteurs et les éleveurs. Ceci permettrait d’améliorer les mécanismes de gestion des différends et d’éviter leur engrenage. Les gouvernements devront aussi revoir les règles foncières et de pâturage et adopter une approche impartiale à leur application.
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